dimanche 28 avril 2013

The Walking Dead - Saison 1

Aussi loin que je me rappelle, j'ai toujours aimé les films de zombies. Mon premier souvenir de morts vivants doit remonter à des vacances d'été avec ma grand-mère à Hossegor, où l'on captait des chaînes espagnoles sur la télévision. Chose étrange, les films d'horreur passaient alors à partir de 20h. Les soirées tournaient souvent avec des parties de tarot: j'étais le plus jeune de la table avec une dizaine d'années au compteur, jetant des coups d'yeux entre mes cartes et l'écran de télé. C'est ainsi que je vis les dernières minutes de Massacre à la Tronçonneuse et de Day of the Dead (ou El día de los muertos pour nos amis ibériques).

Si Leatherface m'a traumatisé (le film "Prof d'enfer pour un été" n'avait pas aidé), le film de George Romero m'avait marqué avec deux scènes: le militaire qui finit découpé en deux par une horde de zombies qui lui sort les tripes, et l'héroïne qui monte dans un hélicoptère pour s'enfuir mais se fait attraper par un zombie alors qu'elle pensait sortir de cet enfer. Le zombie a beau être lent et pas très futé, le fait qu'il se déplace en nombre avec une tendance à sortir des endroits les plus improbables laisse toujours planer une grande part d'incertitude et de surprise. Tout personnage dans un film de morts-vivants a de grandes chances de se faire dévorer comme un couillon alors que la situation est calme.

Au fil des années, les soirées films avec les potes sont l'occasion de découvrir des approches différentes du mythe zombie: le gothique Dellamorte Dellamore (ah, Anna Falchi...), Re-Animator et sa suite complètement allumée (avec Jeffrey Combs, meilleur acteur dans un rôle de savant fou), les autres films de Romero (avec Dawn of the Dead, son supermarché et ses maquillages à la farine), et enfin les Evil Dead (mention spéciale au 2, parfait équilibre entre horreur et comédie). Ces dernières années, le zombie est devenu à la mode, que ce soit au cinéma, à la télévision, en livre ou jeu vidéo. A ce petit jeu, les Anglais ont fait très fort avec 28 Jours Plus Tard de Danny Boyle, mais surtout Shaun of the Dead d'Edgar Wright.

Côté BD, un ami m'avait offert une BD il y a quelques années, un comics qui venait d'être traduit en français: The Walking Dead. Ici, pas d'humour pour réduire la tension ou de massacre massifs de zombies, la trame est consacrée à des survivants devant se débrouiller avec les moyens du bord pour éviter d'y passer, mais surtout réussir à cohabiter et collaborer avec leurs compagnons de galère dans cet enfer sur Terre. La série compte plus d'une quinzaine de volumes à présent, certains chapitres sont très durs à lire, d'où une part d'appréhension à chaque fois de voir un des personnages principaux se faire déchiqueter ou exploser le cerveau. Concernant l'adaptation TV, je n'ai vu que quelques épisodes, mais ce sentiment de désespoir devenait trop fort, trop palpable, je n'ai pas pu continuer à regarder la suite de la série.
Et voilà que sorti de nulle part, le jeu The Walking Dead apparaît sur PS3. Édité par Telltale Games, le titre semble être au premier abord un jeu d'aventures point-and-click, mais les énigmes sont extrêmement simples et secondaires. Au contraire d'un Machinarium, les objets sont clairement mis en évidence par l'interface, ainsi que les actions possibles. Le titre s'éloigne du jeu d'aventures classique pour se rapprocher d'un feuilleton interactif, façon "livre dont vous êtes le héros" avec des situations à choix multiples.
Quand il n'y a plus de place en enfer...
Car dans The Walking Dead, tout est une histoire de choix. Souvent pris dans une situation critique, seules quelques secondes de réflexion sont données au joueur pour répondre à ces interlocuteurs (dire la vérité? mentir? appuyer quel personnage?), réagir à une attaque de zombies ou secourir un survivant. Il n'y a pas de bon ou mauvais choix, chacun entraine son lot de conséquences qu'il faudra assumer pour le reste de l'aventure.

Si au début de l'aventure, on cherche juste à faire survivre son personnage, Lee, et découvrir ce qu'il faisait dans une voiture de police dès les premières minutes, la rencontre avec la petite Clémentine est déterminante, et change la vision que l'on a de ce monde en perdition. Pour moi, il ne s'agissait plus de s'en sortir: il fallait à tout prix maintenir Clémentine en vie, et la préserver autant que possible des horreurs rencontrées sur la route. La grande force du jeu est de rendre la relation entre Lee et Clémentine, père et fille d'adoption, crédible et terriblement engageante: ce lien aurait pu paraître forcé, avec des situations où Lee doit protéger Clémentine, mais le scénario nous donne naturellement envie de prendre soin d'elle, autant physiquement que psychologiquement.
Les choix les plus terribles venaient pour moi des questions de Clémentine sur ses véritables parents, disparus lors du début de l'épidémie de zombies: faut-il leur dire brutalement qu'ils sont morts? ou lui laisser l'espoir de les revoir, alors que peu de gens ont échappés à l'apocalypse? Le jeu devient pratiquement un simulateur de paternité, où l'on essaie avec le pauvre Lee de s'occuper au mieux de l'attachante Clémentine.

Découpés en cinq épisodes, le jeu n'hésite pas, à la manière de la BD, à faire disparaître tragiquement les personnages pour lesquels on porte le plus d'affection, et nous force à composer avec des pourritures pour survivre. La dynamique de groupe est très instable, et même si l'histoire suit un fil conducteur principal, on a réellement l'impression que tout peut imploser à chaque instant, avec un pétage de plomb qui placerait tout le monde à la merci des walkers. Le troisième épisode est particulièrement rude pour les nerfs, où le désespoir est palpable entre les morts qui s'enchaînent et les survivants qui cherchent à se rattacher à un mince espoir de plan de sortie.

Le dernier épisode finit en apothéose cette première saison: plus court que les autres, c'est une course contre-la-montre où le joueur est mis face aux choix qu'il a pris jusqu'ici (via une excellente mise en abîme) et passe le relais dans une dernière séquence éprouvante pour les nerfs et les émotions. L'épilogue reste le même quelles que soient les décisions prises, mais le plus important est la manière de l'atteindre: on comprend finalement que le destin de Lee était déjà tracé, mais ses choix auront un impact sur le développement de Clémentine.

Le final en cliffhanger laisse de nombreuses questions en suspens, la saison 2 prévue fin 2013 devrait apporter des réponses, mais d'ici là, l'attente est dure...

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