lundi 13 mai 2013

Limbo - Sonic sous Prozac

There's a place called Downtown
Where the hippies all go
And they dance the charleston
And they do the limbo.
 
Merci Neil.

On pourrait lancer Limbo en se disant qu'on va trouver un simulateur de saut en hauteur inversé (comprendre: passer sous la barre), ou une sorte de Dance Party rigolo basé sur les ondulations de son corps.
Mais que nenni, nous ne sommes ni sur Wii, ni sous les sunlights des Tropiques. Non, l'amour ne se raconte pas en musique: Limbo, c'est les Limbes façon Inception, en mode noir et blanc et un soupçon de Saw.
Éteins la lumière, montre-moi ton côté sombre...
Sans introduction, le jeu débute avec un enfant qui se réveille dans la forêt. On guide le petit nyctalope vers la droite pour avancer et comprendre ce qu'il fait tout seul dans c'bois (gamin, c'est pour rire!), mais il a vite fait de tomber dans un trou, se noyer dans une flaque, se faire percer par des piques ou décapiter par un piège à loups. Sympa.
Puis viennent les rencontres avec les premiers êtres vivants: une araignée géante qui cherche à empaler notre pauvre tête blonde (j'imagine à travers le noir et blanc), puis d'autres enfants, pendus, enfermés dans des caisses ou pourrissant dans l'eau. Hum.
Au moins eux sont morts, ils ne cherchent pas à planter notre Tintin (pour sa houppette) dépressif: les vivants montent des pièges, jouent au tir à l'arc ou lancent des pneus enflammés. Sauvageons!

Au milieu de ces horreurs, on finit par se réjouir quand on arrache la dernière patte de l'araignée géante mourante, ou quand une bande d'iroquois se fait aplatir par des presses hydrauliques. Bien fait. Puis on découvre encore d'autres pièges: les scies circulaires, les boules géantes à la Indiana Jones, les mitraillettes, ou les saloperies comme les parasiteurs de cerveau. Brrr...

A la manière d'un Sonic, le jeu débute au milieu des arbres et des herbes, pour finir dans un environnement urbain. C'est aussi de la plateforme, mais notre héros est tristement humain: il est peu résistant, lent et fait de petits sauts. Il n'a droit à aucun champignon ou anneau en guise de sécurité, toute erreur est mortelle. Et malgré l'absence de rouge sang, tout échec est particulièrement graphique. Avec les vies infinies et les pièges vicieux à connaître par coeur, il va y en avoir des morts....
Mais au moins, le garçon peut continuer sa quête vers l'inconnu. Face à un monde aussi glauque et désespéré, le plus admirable est la santé de notre héros. Les derniers écrans défient les lois de la physique avec des décors qui tournent, pour terminer sur des inversions de gravité et... une fin qui laisse planer beaucoup de sous-entendus et interprétations. Si on espérait une rédemption finale et une évasion de cet enfer, c'est raté. Ou pas.

Peu de jeux ont réussi à instaurer une atmosphère aussi pesante avec un tel dépouillement. Si le jeu ne se veut pas aussi effrayant qu'un Resident Evil ou Silent Hill, il instaure un malaise constant (l'interdiction aux moins de 18 ans est clairement appropriée), chaque nouvel écran proposant de nouveaux pièges silencieux, apparemment sans fin. Les Danois du studio indépendant Playdead ont réalisé une oeuvre unique, un Eraserhead du jeu vidéo.  Mais en cas de déprime, mieux vaut jouer à Sonic, il est plein de couleurs. Et il va vite. Et ses copains animaux ne sont pas morts.

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